Femmes combattantes et normes humanitaires, une conférence sans précédent à Genève [French]
29 août 2004
Femmes combattantes et normes humanitaires
Une conférence sans précédent à Genève
Durant 3 jours, du 27 au 29 août 2004, plus de 30 femmes combattantes ou excombattantes de groupes rebelles armés, en provenance d’une vingtaine de pays, se sont réunies à l’initiative de l’Appel de Genève pour partager leurs expériences et leurs connaissances du Droit international humanitaire.
Les conflits armés sont-ils le propre de l’homme ? Les femmes ne sont-elles que d’innocentes victimes ou de simples symboles de paix ? Quel est le rôle et la responsabilité des femmes engagées dans la lutte au sein des groupes armés ? Les femmes sont-elles plus respectueuses de la vie ? Connaissent-elles le Droit humanitaire ? Ont-elles une sensibilité particulière aux principes humanitaires ? Ont-elles la capacité de sensibiliser les hommes combattants au respect de ces normes ?
Ce sont toutes ces questions, et bien d’autres encore, que l’Appel de Genève souhaitait évoquer avec les premières concernées, les femmes engagées dans la lutte armée. A cet effet, l’Appel de Genève, grâce à son impressionnant réseau dans les groupes rebelles, les a invitées à un séminaire sur le thème Comment les femmes combattantes peuvent-elles contribuer à la promotion des normes humanitaires ?
Durant trois jours d’échanges, d’émotion, de conviction, de colère parfois aussi, la parole et l’expérience des ces femmes ont été mises au centre des débats afin de parvenir à une meilleure compréhension de l’engagement des femmes dans les conflits armés et du rôle potentiel qu’elles pourraient jouer dans la promotion des normes humanitaires.
« Femmes et jeunes filles au sein des groupes armés: autorité, rôle, et défis de la mise en oeuvre d’un agenda humanitaire. » « Femmes, jeunes filles et violence: victimes, actrices et résistantes. » « Comment inclure les femmes et les jeunes filles dans les processus de désarmement, démobilisation et réinsertion? » « Sensibilisation à la lutte contre les mines antipersonnel» Tels ont été les axes de travail de ce séminaire.
Les parcours très différents de ces femmes, l’histoire de leur engagement dans la lutte armée, leurs expériences personnelles ont permis de dresser un premier constat: dans l’ensemble les femmes sont plus sensibles à la vie, à la violence extrême, que les hommes. Mais une fois engagées dans la lutte armée, elles doivent « oublier » ces valeurs pour répondre à l’attente des hommes et se fait respecter par eux. Le défi consiste donc à trouver comment elles peuvent défendre leurs valeurs tout en ayant choisi de se battre aux côtés des hommes.
Ce séminaire n’était donc qu’une première rencontre en vue de chercher, ensemble, des collaborations futures plus efficaces et sensibles au genre, en vue d’améliorer le respect des normes humanitaires dans les conflits armés. Une seconde étape est d’ores et déjà prévue réunissant des femmes combattantes, mais en basant cette fois le regroupement par type de conflit (en cours, cessez-le-feu ou fin de conflit.)
Un compte rendu de la conférence dirigé par Dr Dyan Mazurana et publié par le Programme d’Etude des Organisations Internationales de l’Institut Universitaire de Hautes Etudes
Internationales, co-organisateur de la conférence, sera disponible fin Octobre 2004. (à commander à info@genevacall.org.)
Rappelons que depuis quatre ans, l’Appel de Genève, organisation humanitaire internationale, se consacre à l’adhésion des acteurs non étatiques à l’interdiction des mines et aux normes de droit international humanitaire. L’Appel de Genève travaille en partenariat avec des organisations non gouvernementales locales et des membres de la Campagne Internationale contre les Mines. La Convention d’Ottawa, principale norme de droit international humanitaire concernant les mines ne concernant que les Etats, l’Appel de Genève complète ce mécanisme en proposant aux groupes armés de signer une déclaration par laquelle ils s’engagent à renoncer à l’usage et au stockage des mines. (« Deed of Commitment »).
Pour de plus amples informations : info@genevacall.org ou www.genevacall.org